Les visages de la violence : forme et intensité

Ce que nous appelons violence peut avoir des degrés variables d’intensité. La violence est partout et elle prend des formes diverses : maltraitance, humiliation, irrespect, abandon, indifférence, culpabilisation, accusation, méfiance, brutalité de la vie au travail, harcèlement sexuel ou autres.  Nous les observons sous quatre formes fondamentales, mais qui se déclinent sous différentes variables. Ces visages de la violence sont tournés vers l’extérieur, mais peuvent aussi être tournés contre soi. Elles s’expriment à des degrés divers et de différentes manières selon les personnes : il s’agit de l’humiliation, de l’abandon, de l’agression, de la culpabilisation. 

Les formes extrêmes de la violence sont bien connues, ce sont le racisme et la xénophobie, mais aussi le mépris, la dévalorisation et la volonté de détruire l’autre. La peur de l'autre est à l'origine de ces sentiments, quand celui-ci est vécu comme menaçant et nous pousse à la haine.

La violence physique est la plus évidente à reconnaître, mais il existe d’autres formes plus sournoises quasi invisibles et plus dévastatrices de la violence. La violence du quotidien s’exprime de multiples façons : je suis violent quand je méprise l’autre, quand je le fuis, je l’agresse, quand je lui attribue tous les torts et toutes les responsabilités, quand je le diabolise ou le considère comme un sous-homme. La violence peut être intellectuelle, verbale, physique, idéologique, économique. Dans tous les cas, elle est liée à la représentation de l’autre ou « des » autres. Il s’agit toujours de déconsidérer, nier, négliger ou détruire des personnes pour lesquelles il sera impossible d’éprouver la moindre empathie. C’est parce que je me refuse à considérer l’autre comme un frère d’humanité que je peux exercer sur lui ma violence. Cela peut aller de la simple maltraitance à l’égard d’un ex-conjoint ou d’un voisin dérangeant jusqu’à la capacité de torturer des personnes que l’on ne connaît pas, simplement parce qu’ils appartiennent à tel groupe ou sont de telle nationalité ou origine.

La violence se manifeste le plus communément par une grande difficulté de vivre ou de travailler ensemble, le nombre des séparations dans les couples et les situations de travail particulièrement tendues en attestent. Il faut pouvoir admettre sa propre violence pour empêcher l’exacerbation de certaines situations au sein d’un groupe d’individus. L’espace de la thérapie sociale est propice à cela.